Je suis musulman. Et je refuse l’islamisme.
Cette phrase devrait aller de soi. Elle est pourtant devenue presque subversive dans une époque où toute critique de l’islam politique est aussitôt assimilée à de l’islamophobie. Le chantage est constant : si vous critiquez un projet politique inspiré de la religion, vous êtes automatiquement accusé de haine contre la foi. C’est une dérive dangereuse, car elle muselle le débat et fragilise les fondements mêmes de nos démocraties libérales.
Je parle d’expérience. Cette semaine encore, des tentatives de diffamation ont visé ma personne auprès de certaines institutions, simplement parce que mes positions dérangent. Mais je ne me tairai pas. Nous sommes en démocratie. Et en démocratie, chacun a le droit d’exprimer ses idées, sans avoir à subir l’insulte, la menace ou la censure.
Une terre d’accueil menacée par l’entrisme
La Belgique est une terre d’accueil. Elle l’a toujours été. Plus de 180 nationalités y coexistent dans un cadre de droits et de devoirs partagés. Des milliers de femmes et d’hommes y ont trouvé refuge, protection et un avenir pour leurs enfants. Ce contrat moral repose sur une exigence de réciprocité : le respect des valeurs du pays d’accueil.
Or, depuis plusieurs années, une rupture s’opère. Certains groupes ou individus, au nom de l’évolution démographique ou culturelle, tentent d’imposer une vision unilatérale, souvent incompatible avec l’esprit démocratique belge. Sous couvert de religion, on infiltre les associations, les écoles, les institutions. On tente de faire passer un modèle communautaire et autoritaire pour une simple différence culturelle.
Ce n’est pas de la diversité, c’est une stratégie.
L’islam politique : un projet de domination
Parmi ces courants, les Frères musulmans occupent une place centrale. Ce mouvement transnational prône l’installation progressive d’un ordre politico-religieux fondé sur la charia. Son objectif n’est pas la cohabitation pacifique, mais la domination à long terme par la politique, l’éducation, les médias et la culture. L’islam politique n’est pas une foi. C’est une idéologie.
Dans mon livre Islam politique et démocraties libérales, j’analyse ce phénomène en profondeur. J’y démontre l’incompatibilité structurelle entre deux visions du monde :
La démocratie libérale, fondée sur la liberté individuelle, le pluralisme, l’égalité hommes-femmes, la séparation des pouvoirs.
L’islam politique, qui vise à fusionner foi et gouvernance, et àrestreindre les libertés au nom d’une norme divine interprétée de manière autoritaire.
Ce conflit n’est pas théorique. Il est quotidien, visible, parfois même violent. Il traverse les mosquées, les écoles, les médias, les réseaux sociaux. Il oppose ceux qui veulent vivre leur foi en paix à ceux qui veulent imposer leur vision au reste de la société.
La France se réveille. Et la Belgique suit.
La France, longtemps aveugle à ce danger, a récemment franchi un cap. Un rapport parlementaire sur les Frères musulmans a mis en lumière leur stratégie d’influence et leur menace pour la cohésion nationale. La réponse de l’État devient plus ferme, plus lucide.
La Belgique, elle aussi, commence à ouvrir les yeux. Le gouvernement De Wever, formé en février 2025, a nomméBernard Quintin ministre de la Sécurité et de l’Intérieur. Il incarne un tournant clair dans la lutte contre les mouvements islamistes. Des mesures de vigilance, de restriction, de contrôle des financements et de surveillance des réseaux d’influence sont mises en œuvre.
Ce réveil est salutaire. Il ne s’agit pas de stigmatiser les musulmans — dont la grande majorité vit paisiblement, intégrée et respectueuse. Il s’agit de protéger la démocratie face à ceux qui veulent la miner de l’intérieur.
Un choix de société
Ce combat n’est pas confessionnel. Il est politique. Il ne s’agit pas d’opposer les croyants aux laïcs, les musulmans aux non-musulmans. Il s’agit de choisir dans quel cadre nous voulons vivre ensemble.
Oui à l’islam, non à l’islamisme.
Oui à la spiritualité, non à l’idéologie.
Oui à la liberté, non à l’intimidation.
Refuser l’islamisme, ce n’est pas rejeter une religion. C’est défendre un cadre de vie commun, où chacun — croyant ou non — peut vivre dans la dignité, sans peur et sans pression.
Il est temps de rompre avec la naïveté. D’oser nommer les choses. D’ouvrir les yeux. Et de dire haut et fort : les démocraties ne doivent plus reculer.
Lahcen Hammouch
Journaliste, chercheur, consultant auprès des institutions européennes.
Auteur de « Islam politique et démocraties libérales », ouvrage d’analyse critique sur les contradictions entre foi et libertépolitique
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