L’armée algérienne a pour sa part multiplié depuis 2021 ses exercices militaires à proximité de la frontière marocaine, notamment dans la région de Tindouf, où elle a mobilisé des unités blindées et des forces aériennes sous la supervision du chef d’état-major Saïd Chengriha.
Alger a officiellement exprimé jeudi 6 mars son mécontentement envers Paris au sujet des exercices militaires conjoints prévus entre la France et le Maroc en septembre 2025 à Er-Rachidia.
Dans un communiqué publié par le ministère algérien des Affaires étrangères, Alger a qualifié ces manœuvres, baptisées « Chergui 2025 », d’« acte de provocation » de nature à aggraver les tensions déjà vives entre l’Algérie et la France.
Le secrétaire général du ministère, Lounès Magramane, a convoqué l’ambassadeur de France à Alger, Stéphane Romatet, pour lui faire part des “graves inquiétudes” des autorités algériennes.
“Un tel exercice ne fera qu’attiser la crise qui caractérise actuellement les relations algéro-françaises et porter les tensions entre les deux pays à un nouveau niveau de gravité”, indique le communiqué. L’Algérie exige des clarifications de Paris et attend une réaction officielle des autorités françaises.
Cette réaction intervient alors que l’Armée nationale populaire algérienne (ANP) avait elle-même mené des manœuvres d’envergure dans la région de Tindouf, non loin de la frontière marocaine.
L’exercice, baptisé « Al-Hazm » (« Résolution »), avait mobilisé des chars, des véhicules blindés, des hélicoptères Mi-28 et des avions de chasse Sukhoi SU-30 MKA, sous la supervision du chef d’état-major Saïd Chengriha.
Depuis la signature d’un accord sécuritaire entre le Maroc et Israël en 2021, Alger suit de près le renforcement des capacités militaires de ses voisins.
Ni Paris ni Rabat n’ont encore répondu officiellement aux manifestations à Alger.
L’attitude adoptée par Alger s’inscrit dans une logique plus large de rapport de force dans laquelle la France apparaît comme une cible privilégiée des démonstrations de fermeté du régime.
En convoquant l’ambassadeur de France pour une protestation officielle contre des exercices militaires liés à une coopération souveraine entre Paris et Rabat, Alger cherche à placer la France dans une position délicate, entre la nécessité de préserver ses intérêts stratégiques au Maghreb et l’obligation de composer avec une Algérie dont l’animosité diplomatique est devenue une constante. Cette démarche ne se limite pas à une simple expression d’inquiétude : elle s’apparente à une volonté d’humilier Paris en mettant en scène une forme de mandat public, suggérant que la France devrait, d’une certaine manière, rendre des comptes à Alger sur ses choix militaires et diplomatiques.
Loin d’être un épisode isolé, cet épisode reflète une série de positions par lesquelles l’Algérie oriente les tensions régionales pour tenter d’imposer son agenda et d’affirmer une influence fondée à la fois sur une posture symbolique et une rivalité stratégique
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