L’utilisation du foulard islamique est une manifestation du droit fondamental de la liberté religieuse. Stigmatiser le voile comme symbole de discrimination est contre-productif aux objectifs d’éducation à l’égalité et au respect des droits fondamentaux.
Le port du voile à l’école par les élèves de culture musulmane est trop souvent perçu comme un problème qui pourrait être résolu en l’interdisant dans les écoles. Cela a été la décision prise par un centre éducatif à Madrid, avec l’approbation judiciaire. Dans ce qui suit, les motifs invoqués seront examinés de manière critique, lesquels, à mon avis, présentent une justification insuffisante et un degré important de confusion quant au sens de la liberté de religion et de conscience et de ses manifestations. Comme s’il ne s’agissait pas de droits de rang constitutionnel qu’il faut prendre au sérieux. On sait que les limitations d’un droit fondamental ne peuvent être établies que par la loi et non par une décision administrative,
Il est donc surprenant que certaines voix se limitent à considérer que l’utilisation du voile islamique est en soi une forme de discrimination à l’égard des femmes, de sorte que la suppression du voile éliminerait la discrimination. Le sens personnel qu’il peut avoir lorsqu’il est librement et volontairement adopté comme manifestation d’une plus grande religiosité, ou simplement d’une identité culturelle, est méprisé. D’autres voix soutiennent que le port du voile islamique à l’école est incompatible avec la laïcité de l’État, entendu à la française comme un principe qui lierait à la fois les administrations publiques et les particuliers. Cependant, dans notre système juridique, la « laïcité » est comprise comme une obligation imposée à l’État, et non aux individus,
Il est également frappant de constater que le souci du sens du voile fait à peine allusion au rôle que joue l’école dans la formation précoce aux valeurs et droits fondamentaux tels que l’égalité, le respect de la liberté de conscience et dans la création d’un climat d’inclusion. tolérance et respect de la diversité de ceux qui composent la communauté éducative. Des titres dont la transmission est la plus grande garantie d’élimination des pratiques discriminatoires. L’interdiction du voile aux filles et aux adolescentes à l’école sans cause suffisamment justifiée projette sur elles le fardeau du rejet comme message exclusif de leur culture, une conséquence radicalement opposée aux objectifs pédagogiques indiqués, objectifs liés à l’apprentissage de l’exercice de la liberté et la liberté, l’égalité des droits comme condition de la citoyenneté démocratique.
L’ÉCOLE COMME LIEU DE FORMATION À LA CITOYENNETÉ AUX VALEURS CIVIQUES ET DÉMOCRATIQUES
Parmi ses objectifs, le système éducatif espagnol comprend la formation au respect des droits et libertés fondamentaux et à l’exercice de la tolérance et de la liberté dans le cadre des principes démocratiques de coexistence, d’égalité des droits et des chances entre les hommes et les femmes. La mention expresse de ces objectifs généraux a été une constante dans les lois éducatives qui se sont succédées jusqu’à nos jours. Dans ce cadre, se situe l’exercice des droits individuels des étudiants et étudiantes, parmi lesquels se trouvent le respect de leur identité, la liberté de conscience, leurs convictions religieuses et morales et le devoir de respecter la manifestation de ces droits d’autrui.
La forme de transmission de ces valeurs et droits a été envisagée, selon l’une ou l’autre loi éducative, soit de manière transversale à travers les différentes matières qui composent le programme éducatif, soit à travers une matière obligatoire. Cela s’est produit avec le sujet appelé “Éducation à la citoyenneté” pendant la période de validité de la loi organique 2/2006, du 3 mai, sur l’éducation (LOE), ou avec la création de l’espace “Éducation aux valeurs civiques et éthiques “Dans le troisième cycle du primaire et l’un des cours du stade ESO, dans la loi organique 3/2020, du 29 décembre – qui modifie la loi organique 2/2006, de l’éducation – (LOMLOE), établissant expressément que “l’attention sera payé à la connaissance et au respect des droits de l’homme et de l’enfant, ceux inclus dans la Constitution espagnole,
Les centres éducatifs sont donc le siège de la formation à la citoyenneté des enfants et des jeunes en termes de connaissance et de transmission des valeurs, principes et droits constitutionnels dont l’importance est déterminante pour maintenir et relancer le pacte dit constitutionnel qui présuppose le consensus général, nécessaire d’unir une société de plus en plus plurielle qui permet et en même temps est la limite de la reconnaissance de la différence. Dans cette société de plus en plus plurielle et plus consciente de sa diversité, l’école doit se former à la fois à la compréhension théorique de celles-ci et à leur incorporation dans la pratique quotidienne dans les différentes activités de l’école ;
Dans ce contexte, le port du voile est un signe qui identifie l’appartenance de l’adolescente à la communauté musulmane, il n’interfère pas avec sa formation citoyenne et à ce titre elle recevra une éducation à l’égalité des droits et des chances. C’est pour elle, pour chacun de ces élèves et pour leurs droits que l’école doit veiller dans ce cas, afin qu’ils bénéficient des mêmes opportunités éducatives sans distinction par des signes extérieurs qui ne gênent pas la transmission des savoirs scolaires.
Au contraire, l’interdiction du foulard islamique véhicule le message que ceux qui appartiennent à ce groupe ne méritent pas le respect et qu’on lui attribue le stigmate correspondant. L’utilisation du voile islamique est une manifestation du droit à la liberté religieuse, dans certains cas, cela peut être un symptôme de discrimination, mais ce n’est pas la cause. Dans ces cas, il faut intervenir dans la cause et la façon de le faire n’est pas de mettre des barrières à l’éducation et à la professionnalisation des filles et des adolescentes, car leur fournir ces instruments leur permettra de prendre des décisions en toute liberté, sans la manque de formation les empêchant de dépendre des autres.
L’USAGE DU VOILE ISLAMIQUE ENTRE LIBERTÉ RELIGIEUSE ET LAÏCITÉ
L’utilisation du voile islamique comme tout autre symbole religieux est une manifestation du droit fondamental à la liberté religieuse (art. 16.1 CE et 2.1. A) de la LOLR) et également du droit fondamental à l’image (art. 18 CE), il fait partie de l’identité et de l’appartenance au groupe. A certaines occasions, des centres éducatifs ont fait appel à la laïcité de l’école pour les interdire. Il faut se rappeler que la laïcité dans la loi espagnole en tant qu’interdiction de la non-identification avec des symboles religieux oblige l’établissement d’enseignement mais pas les utilisateurs, étudiants ou leurs familles, qui, sous la protection de leur liberté religieuse, peuvent exprimer leurs convictions dans les limites établies par loi, des limites qu’il faut de toute façon analyser strictement, c’est-à-dire
De même, c’est une pratique répandue ces dernières années que les centres éducatifs, par le biais du règlement intérieur du centre, interdisent le port de chapeaux ou de tout autre vêtement qui couvre la tête à l’intérieur du bâtiment.
Dans l’application de ce règlement, la décision prise par l’IES Camilo José Cela de Pozuelo (Madrid) de sanctionner un étudiant qui portait le voile islamique trouve son appui. Décision qui a été considérée comme conforme à la loi et légitime par le Tribunal contentieux de Madrid dans un arrêt du 25 janvier 2012 fondé sur les arguments suivants : Premièrement, elle s’appuie sur l’autonomie des centres pour maintenir leur compétence pour préparer et approuver le les normes d’organisation et de fonctionnement (appelées ROF) ; deuxièmement, il s’agit d’un arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme, fondé sur une loi étrangère, la française, lorsqu’il existe une loi qui interdit l’usage de signes religieux ostensibles à l’école, pour transférer l’argument soutenu par ladite juridiction selon lequel le dit :
On oublie que l’article 53 CE établit que les droits fondamentaux ne peuvent être limités que par la loi et qu’une telle interdiction n’est pas prévue dans une loi, mais plutôt dans un règlement intérieur, sans compétence en la matière. En outre, il n’est pas indiqué sur quels faits il se fonde pour affirmer que certains des éléments constitutifs de l’ordre public sont menacés. Par conséquent, nous partons d’un danger simplement hypothétique.
Il recourt à la laïcité, qu’il qualifie de principe, au sens français « (…) toute attitude qui ne respecte pas ce principe ne peut être admise au titre de la liberté de manifester sa religion, ne bénéficiant pas de la protection garantie par l’article 9 du la Convention, conformément à l’article 16 de la Constitution » (FJ 5). La laïcité pour laquelle opte le système juridique espagnol est une laïcité positive, différente dans son interprétation et son application aux Français, la laïcité est fondée sur les institutions, par conséquent, elles sont obligées de ne pas afficher de symboles religieux. Au contraire, les personnes peuvent les exhiber dans l’exercice de leur liberté religieuse, aucune loi ne l’interdit, et, de plus, par application de l’article 9.
Ainsi, les écoles n’ont pas le pouvoir de limiter l’exercice d’un droit fondamental par le biais du ROF. Autoriser le port du voile islamique est une exigence non seulement du droit fondamental de la liberté religieuse mais aussi de la laïcité, une position des pouvoirs publics qui garantit l’égalité dans l’exercice de la liberté de conscience, telle qu’elle est comprise par le système juridique espagnol.
Un exemple qui montre une interprétation correcte des normes réglementaires du droit fondamental de la liberté religieuse est fourni par la Communauté valencienne dans la résolution du 20 juillet 2017, du Secrétariat autonome de l’éducation et de la recherche, qui approuve les instructions pour l’organisation et fonctionnement des centres qui dispensent l’Enseignement Secondaire Obligatoire et le Baccalauréat au cours de l’année académique 2017-2018. Au point 1.2.14.,
De même, il convient de noter la position du ministère de l’Éducation de la Communauté autonome du Pays basque, qui a distribué aux centres éducatifs une circulaire contenant des recommandations concernant “l’utilisation du foulard” le 6 septembre 2016. Sa première recommandation est ” Ne pas empêcher la scolarisation des élèves qui portent le foulard, et que les écoles basques dont les projets éducatifs ou les règlements d’organisation et de fonctionnement ne le permettent pas, procèdent à la révision, à partir de l’approche d’éducation inclusive et d’attention à la diversité établie dans le décret 236/2015, qui établit le programme d’enseignement de base et est mis en œuvre dans la Communauté autonome du Pays basque ».Dans la deuxième recommandation, il propose « Promouvoir les engagements éducatifs entre les familles et les tuteurs légaux et le centre lui-même », fait appel à un dialogue entre les différents membres de la communauté éducative qui permet une prise de décision responsable et inclusive.
Ces deux derniers exemples maintiennent une position conforme aux obligations qu’ont les écoles de former les élèves aux valeurs constitutionnelles et aux droits fondamentaux. Stigmatiser le voile comme symbole de discrimination est contre-productif aux objectifs d’éducation à l’égalité et au respect des droits fondamentaux.












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